Taricaya, semaine 4

Après un weekend et un début de semaine passés à greloter jours et nuits, la chaleur est revenue en force et j’ai retrouvé avec joie mon état poisseux quasi-permanent. Les épisodes très froids de ce genre devraient être de plus en plus fréquents en avançant dans la saison sèche, agrémentés de concours de beuglements de motivation sous les douches glacées.

Cette semaine, deux doctorants se sont joints à nous pour mener une étude sur les chauves-souris. Ils prélèvent un peu de fourrure des petits mammifères pour en déterminer le taux de mercure. Ca permet d’étudier l’influence des nombreuses mines d’or hyper polluantes des rives de Madre de Dios. Les chauves-souris se nourrissant de poissons du fleuve sont celles qui les intéressent, les autres (se rassasiant d’insectes, fruits, nectar ou sang) servent de témoins. J’ai pu participer un soir à leur travail, nous avons trouvé dans les filets 3 petites chauves-souris très coopératives.

Super nouvelle de la semaine : maintenant que la remise en état des différentes installations a bien avancé, de nouveaux projets sont lancés.

1- Etude comportementale des singes (spider monkeys, capuchin monkeys et howler monkeys) qui vont être relâchés en septembre. Mais avant d’étudier le comportement de chaque individu et ses interactions avec les autres membres du groupe, il faut savoir reconnaître chacun : pas évident !! Certains sont très difficiles à différencier, ça peut se faire sur un détail physique comme sur la façon de se déplacer, l’expression du visage ... Après une séance, je suis encore loin du sans faute pour les 8 spider monkeys, les capucchins sont plus faciles. Ils sont vraiment malins et ont vite trouvé la combinaison du cadenas de leur cage, c’est maintenant verrouillé avec une clé.

2- Collecter fruits et fleurs pour habituer ces mêmes singes à ce qu’ils pourront trouver dans la nature. Ils sont ici nourris avec des fruits et légumes cultivés, achetés en ville ou récoltés dans les fermes de Taricaya. Vu leur moue dubitative quand on leur a présenté des fleurs, pourtant ramassées avec amour, c’est pas gagné.

3- Télémétrie : retrouver des singes relâchés avec un émetteur dans la réserve. Pour l’instant, on en est au stade de l’exercice : retrouver un émetteur fixe planqué dans la forêt. Petite course à la localisation entre deux équipes, en pleine jungle hors-sentiers, armés de notre grosse antenne réceptrice. On leur a mis une bonne pâtée !

Je n’ai pas encore participé aux deux autres nouveaux projets : identifier les sites de dodo des singes dans la réserve ainsi que leurs arbres fruitiers préférés, et faire de l’observation de mammifères sauvages de tous types. Bref, plein de nouvelles choses, c’est super !

La cage du jaguar avance bien, les 200 parpaings sont partis comme des petits pains et il a fallu à nouveau décharger un bateau proche du naufrage tant il était chargé.

Evénement de la semaine : mise à l’eau du bateau sur lequel on travaillait depuis plusieurs semaines, un peu périlleux mais on a réussi.

En ce moment, on passe aussi pas mal de temps à dégager les multiples sentiers de la réserve à la machette et tronçonneuse. Celui que j’ai exploré était encore un peu humide des inondations : traversée d’une petite dizaine de marécages nauséabonds, l’eau jusqu’à la taille.

Au camp, beaucoup de volontaires sont partis récemment, on attend de nombreuses arrivées au mois de juin. Les plâtrées de riz se suivent et se ressemblent, le weekend permet un petit ravitaillement en diverses sucreries pour égayer tout ça.

Première piqûre de tarentule chez les volontaires depuis que je suis là, ça me fait relativiser mes toutes petites piqûres de guêpes...

Voilà pour les nouvelles fraîches, n’hésitez pas à me donner des vôtres par mail ! :) Gros bisous.